Au plus près des missions de Doc Champa
Chaque mission est une aventure collective, tissée de rencontres, de gestes partagés et d’histoires qui marquent. Dans cette rubrique, nous donnons la parole à celles et ceux qui vivent ces moments uniques : bénévoles engagés, patients touchants, partenaires locaux… À travers leurs regards, découvrez les réalités du terrain, les défis quotidiens et les petits miracles qui donnent tout son sens à notre action au Laos.
Trois orthoptistes françaises en mission humanitaire au Laos :
entre défis et espoirs
En novembre 2024, trois orthoptistes françaises se sont envolées pour le Laos aux côtés de Doc Champa afin d’apporter des soins visuels essentiels aux populations locales. Dépistage et accompagnement des soignants sur place : une mission humanitaire au cœur de notre engagement pour la santé.
Découvrez leur parcours, leurs actions et les histoires marquantes de cette aventure solidaire.
Introduction
En novembre 2024, trois orthoptistes françaises ont participé à une mission ophtalmologique organisée par l’association Doc Champa dans le nord du Laos, une région parmi les plus pauvres du pays
Cette mission, orientée vers la prévention et le traitement des troubles visuels, s’est déroulée dans un contexte de vulnérabilité accentuée par les conséquences du typhon Yagi.
Cet article revient sur cette aventure humaine et professionnelle à travers l’expérience de 3 professionnelles engagées (Lola, Laure-Hélène et Sophie)
Contexte et Objectif de la mission Doc Champa
Créée en 2019, l’association Doc Champa (www.doc-champa.org) œuvre pour l’accès aux soins des populations vulnérables au Laos. Avec une population locale d’environ 200 000 habitants, souvent issue de minorités ethniques (Khmu, Thaidam, Thaideng, Hmong…), la région de Luang Namtha souffre d’un manque criant de ressources en santé visuelle. Depuis 2020, moins de 100 opérations de la cataracte y ont été réalisées, malgré des besoins estimés à plusieurs centaines de patients aveugles nécessitant une chirurgie.
Notre objectif pour cette mission était de contribuer à réduire les cécités évitables grâce à des interventions chirurgicales, des dépistages des troubles de la vision et la fourniture de lunettes adaptées
Premières impressions : un dépaysement total
Dès leur arrivée au Laos, les orthoptistes sont marquées par la beauté du pays et l’accueil chaleureux des habitants. Lola se souvient : « Les paysages sont incroyables ! C’est vraiment un très beau pays qui mérite qu’on s’y intéresse. » Laure-Hélène partage son sentiment de dépaysement : « Dès le premier soir, j’ai ressenti un sentiment de dépaysement total. ». Sophie, quant à elle, évoque un pays à la fois rigoureux et administratif mais une première impression contrastée par l’accueil chaleureux de Chinda (la Présidente de l’association) et de Seuth, un de ses amis laotiens.
Le rôle des orthoptistes dans un contexte inédit
Leur travail a consisté principalement à détecter des troubles visuels comme les cataractes, la presbytie ou les ptérygions. Lola explique : « Nous étions focalisés sur la vision de près au vu des demandes et du mode de vie local. Pour les jeunes et les myopes, nous essayions d’améliorer leur vision de loin. » Laure-Hélène ajoute : « Il a fallu identifier les problématiques malgré la barrière de la langue et proposer des solutions adaptées, souvent des corrections optiques. »
Les orthoptistes ont également noté des différences marquantes avec la France. « Nous n’avons pas vu beaucoup de myopie, contrairement à ce qu’on observe en France, où l’on parle d’une véritable épidémie », indique Lola . En revanche, les ptérygions étaient très fréquents, ce qui s’explique par le climat ensoleillé et l’absence de lunettes de soleil.
Des défis logistiques et humains
Le manque de ressources a été un défi constant pour l’équipe. « Le plus gros défi était le manque de lunettes de forte puissance positive. Nous avons dû sous-corriger beaucoup de patients », explique Lola. Sophie et Laure-Hélène soulignent quant à elles l’importance de dépasser la barrière de la langue, ce qui est parfois frustrant : « Identifier un besoin particulier et ne pas pouvoir y répondre, faute de matériel, a été difficile à accepter », confie Laure-Hélène.
Résultats :
La mission a permis d’effectuer au cours de cette mission d’une semaine (du 17 au 24//11/2024):
- 146 opérations chirurgicales, dont 130 pour des cataractes et 14 pour des Ptérygions ;
- 1764 consultations, incluant du dépistage auprès de 520 écoliers ;
- La distribution de 1026 paires de lunettes.
Certaines histoires ont particulièrement marqué les orthoptistes.
Sophie se souvient d’un enfant stigmatisé pour son comportement : « On l’étiquetait comme ‘ne faisant que des bêtises’, alors qu’il avait simplement besoin de lunettes. ». Lola évoque une enseignante myope de (-6), pour qui une correction partielle (-3) a été un soulagement : « Elle nous a remerciés, disant qu’elle pouvait enfin voir ses élèves, même si sa vision restait floue. Ça fait réfléchir. ».
Laure-Hélène évoque quant à elle: « Un petit garçon qui plafonnait à 4/10 ODG, nous lui avons mis des lunettes de myope sur les yeux, et immédiatement son visage s'est éclairé, il nous a lu toutes les lettres jusqu'au bas de l'échelle d'acuité et semblait vraiment très heureux et fier ! »
Enseignements et perspectives
Les orthoptistes repartent transformées, tant professionnellement que personnellement.
Elles ont appris à travailler avec peu de moyens tout en offrant un maximum d’impact.
«Cette expérience m’a permis de relativiser ma pratique professionnelle en comprenant que tout n’a pas besoin d’être parfait pour fonctionner », confie Lola. Sophie résume sobrement : «Le calme est une richesse. » Laure-Hélène insiste sur la chance d’avoir un système de santé accessible à tous en France : « C’est un immense privilège que nous ne mesurons pas forcément. »
Elles ont été toutes les trois été touchées par la philosophie et le mode de vie des Laotiens, qui se résume très souvent dans le langage par le mot « Bopéniang » (« pas de problème »).
Elles encouragent leurs consœurs/ confrères à s’engager dans de telles missions, soulignant l’importance de l’adaptabilité et de la résilience. Comme l’exprime Lola, « notre métier, parfois peu reconnu, montre ici toute son utilité. Pour tous ceux qui veulent essayer, il faut foncer. C’est une expérience qui nous permet d’évoluer professionnellement et personnellement ». Sophie met l’accent sur l’adaptabilité, tandis que Laure-Hélène conseille de garder une certaine humilité et de s’efforcer d’accepter ses limites
Conclusion
Cette mission ophtalmologique a permis d’apporter des solutions concrètes et de redonner espoir à de nombreux patients. Elle met également en lumière l’importance de collaborations internationales pour lutter contre les cécités évitables dans les régions les plus reculées du monde.
Comme le résume Laure-Hélène : « La tâche est immense, on ne peut pas aider tout le monde, mais chaque petite victoire compte. »
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